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Interview d'Olivier Wecxsteen

DIRECTEUR ARTISTIQUE ET PROFESSEUR PERMANENT A L’EUROPEAN SCHOOL OF BALLET

Né en France, Olivier est diplômé de l'Académie Princesse Grace de Monaco, dirigée par Marika Besobrasova. Au cours de sa carrière de danseur professionnel, il a intégré des compagnies de renom telles que Les Ballets de Monte-Carlo, le Boston Ballet ainsi que les Grands Ballets Canadiens. En tant que danseur étoile, il a interprété de nombreux rôles principaux du répertoire classique tout en élargissant son répertoire avec des ballets de George Balanchine ou encore William Forsythe. 

Sa reconversion dans l’enseignement a lieu en 2009 lorsqu’il rejoint le corps professoral de la San Francisco Ballet School. Il poursuit sa carrière à l’English National Ballet School où il enseigne pendant deux saisons consécutives. Il décroche ensuite le poste de professeur au sein de la Dutch National Ballet Academy, dans laquelle il manage le programme pré-professionnel. Enfin, Olivier Wecxsteen est nommé directeur artistique associé de l’European School of Ballet, avant de prendre le poste de directeur artistique en 2021

Située à Amsterdam, l’European School of Ballet a été fondée par Jean-Yves Esquerre, directeur de l’établissement. C’est un centre de formation avancée, spécialisé dans le développement professionnel dans le domaine du ballet. L'ESB vise à perpétuer l'héritage du ballet académique européen, élargi aux styles contemporains. L’école accueille 95 étudiants internationaux âgés de 13 à 19 ans et propose une variété de leçons et d'ateliers favorisant l'épanouissement personnel et le coaching individuel. Les élèves bénéficient d’un atout considérable en ayant accès à toutes les commodités sous le même toit : studios de danse, internat, cantine…

Comment et pourquoi avez-vous intégré le milieu de l’enseignement ?

J’ai commencé progressivement à aider mes partenaires lorsque j’étais danseur étoile au Boston Ballet. Dans certaines variations classiques du répertoire, et notamment les pas de deux, j’avais pour habitude de les coacher, tant au niveau du style que de la technique.

J’ai ensuite fait de plus en plus de spectacles en tant qu’artiste invité. Lors de ces résidences, on m’a proposé de donner des cours pour les danseurs qui se produisaient avec moi ! C’est ainsi que j’ai réellement commencé l’enseignement, en parallèle de mon statut de danseur au sein de ses compagnies et écoles.  

Les choses se sont concrétisées lorsque j’ai décroché mon premier contrat d’enseignant à la San Francisco Ballet School, puis à l’English National Ballet School et enfin à l’European School of Ballet où j’enseigne actuellement. 

On peut penser que la suite logique d’une carrière de danseur professionnel est la voix de l’enseignement, or, c’est une idée reçue complètement fausse ! Il faut savoir que ce sont deux métiers très différents ! Je ne me suis pas reconverti dans l’enseignement par défaut, bien au contraire, je l’ai choisi car je sentais avoir des choses à apporter et à apprendre aux autres. J’ai le besoin constant d’être dans l’entraide, la transmission et le partage

Quelles sont les sources d’inspiration de vos méthodes d’enseignement ?

Ma principale source d’inspiration provient de ma connexion avec les élèves. Nous avons la chance d’avoir une vraie équipe pédagogique, qui fait primer la relation entre enseignants mais aussi la relation professeurs-élèves. 

Il me parait essentiel de ne pas avoir un sentiment de supériorité par rapport à son élève, il ne faut pas instaurer de rapport de force en se positionnant au-dessus de lui. De nos jours, on ne peut pas forcer un danseur à faire quoi que ce soit : il doit absolument être motivé et avoir de la volonté lorsqu’il est dans le studio de danse. Il est important qu’il puisse puiser sa motivation dans l’enseignement du professeur et vice versa. Nous mettons un point d’honneur à proposer un suivi personnalisé pour chaque élève. En effet, puisque chaque corps est différent, nous effectuons rarement des corrections généralisées pour le groupe. Le but étant de trouver ensemble la meilleure solution adaptée à la problématique de tel ou tel élève. 

Globalement, nous les éduquons à devenir des danseurs motivés et complets, à la fois artistiquement et techniquement, mais aussi responsables car nous leur apprenons chaque jour à respecter et écouter leur corps. D’un point de vue technique, nous sommes sur une méthode d’enseignement inspirée des grands maitres de la danse Européenne.

Impossible d’évoquer mes sources d’inspiration en matière d’enseignement sans vous parler de Jean-Yves Esquerre, le directeur de l’European School of Ballet. C’est un véritable honneur de travailler à ces côtés et de pouvoir côtoyer son univers artistique qui est à la fois unique et exceptionnel.

Selon vous, quels sont les principaux atouts pour débuter une carrière professionnelle dans la danse ?

Pour moi, le savoir-être est tout aussi important que le savoir-faire. Certes, il est primordial d’être consciencieux dans son travail, dans sa rapidité d’apprentissage, dans sa technique, dans son interprétation artistique, dans sa gestion de l’effort et de l’énergie … mais ce n’est absolument pas suffisant !

Il faut aussi avoir des qualités humaines pour devenir un bon danseur : avoir un comportement irréprochable et respectueux envers les autres danseurs, les chorégraphes et professeurs, savoir être autonome et responsable, être passionné et persévérant, rester humble…  

Pour vous, qu’est-ce que le danseur du 21ème siècle ? Pourriez-vous nous le décrire ?

Selon moi, voici le portrait du danseur idéal du 21ème siècle …

Premièrement, je dirais qu’il s’agit d’un danseur avec une forte base technique en danse classique. Il doit avoir une parfaite connaissance du « bon placement » ou de la « bonne posture » et du « travail sain ».

Ensuite, il lui faut une conscience élaborée des capacités physiologiques de son corps. La danse classique est un entrainement physique extrême, qui n’est pas nécessairement naturel pour le corps. Un danseur qui sait écouter et respecter son corps sera davantage apte à avoir une longue carrière sans blessure.

Le dernier élément, et non des moindres, va être son état d’esprit. Un danseur doit avoir un mental d’acier, plus précisément faire preuve de beaucoup de courage. Il ne faut pas baisser les bras face aux obstacles d’une vie au sein d’une compagnie de danse. Il est primordial de savoir surmonter les difficultés tout en faisant preuve de résilience.

D’ailleurs, il n’y a pas seulement les difficultés qui requièrent du courage : il en faut également pour monter sur scène et se montrer vulnérable devant un public. Pour moi, être un artiste, c’est avant tout s’accepter et se dévoiler devant tout le monde, sans porter de masque et en restant authentique. 

En quoi votre école de danse, l’European School of Ballet, se distingue-t-elle des autres ?

Je dirais que la force de l’ESB réside dans son équilibre entre une ambiance bienveillante et l’exigence de la précision de notre enseignement, c’est ce qui fait de l’ESB une école unique et de renommée internationale. Notre mission première est de former des êtres réfléchis, avant de former des danseurs. Nous tentons au mieux de nourrir leur esprit pour qu’ils deviennent indépendants et responsables. Pour cela, nous leur inculquons une certaine conscience qui leur permette de doser la gestion de l’effort, ainsi que gérer efficacement la douleur et les blessures. D’ailleurs, nous avons un très faible taux de blessure au sein de notre établissement.

À l’ESB, nous faisons un focus sur la danse classique européenne. Nous ne faisons pas de la technique pour faire de la technique : nous sommes à la recherche de sens en allant à l’essentiel tout en conservant la tradition ! Nous travaillons également différents styles afin d’offrir un enseignement plus riche et plus technique. Nos danseurs touchent à tous les styles de danse contemporaine, inspirés par les génies de la discipline :  Maurice Béjart, Jiří Kylián, William Forsythe… Un danseur classique est parfois imaginé comme étant figé et raide, alors qu’en réalité, la danse classique est souple et vivante ! J’estime que les meilleurs danseurs classiques sont ceux qui excellent en répertoire contemporain car ils ont la capacité de comprendre le mouvement.

Enfin, je dirai que notre corps enseignant est l’un de nos principaux atouts. Nous avons la chance d’avoir 4 enseignants à plein temps, dont je fais partie. Chaque semaine, nous recevons régulièrement des invités au sein de l’école : des chorégraphes de renom ainsi que de célèbres maitres de ballet mondialement connus.

Pourriez-vous nous parler de la portée internationale de votre école ? D’où viennent vos élèves ?

Bien que notre établissement soit plutôt récent avec seulement 4 ans d’existence, nous sommes parvenus à le faire rayonner mondialement ! Voici quelques exemples de pays d’origine de nos danseurs, qui illustrent bien notre portée internationale :

  • Amérique du Sud, notamment Brésil et Chili
  • Amérique du Nord avec USA et Canada
  • Japon
  • Australie
  • Nouvelle-Zélande
  • Évidemment toute l’Europe 
  • Aux vues du contexte actuel, nous accueillons également des élèves qui viennent d’Ukraine

Au terme de leur formation à l’ESB, nos élèves poursuivent leur carrière encore une fois aux quatre coins du monde. Nous les accompagnons dans leur recherche d’emploi, sans limites géographiques : aux USA, en Europe (notamment en France, Finlande et Allemagne) en passant par l’Amérique du Sud.

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