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Interview d'Elisabeth Ridet, directrice artistique de Wear Moi

Pouvez-vous nous parler de votre carrière de danseuse professionnelle ?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours su que je voulais consacrer ma vie à la danse ! C’était ma destinée. Originaire de Toulon dans le sud de la France, c’est ici que j’ai commencé la danse à peine âgée de 3 ans, avant d’intégrer la prestigieuse école Rosella Hightower à Cannes (France) à l’âge de 14 ans. 

J’ai commencé à me faire remarquer lors de ma première année. C’est au cours de ma deuxième année que je suis réellement sortie du lot, je parvenais à décrocher tous les premiers rôles ! Le rythme était plutôt soutenu, mais j’adorai vraiment ce que je faisais ! Nous avions école le matin jusqu’à midi, puis nous enchainions des cours de jazz, classique et pointes l’après-midi. Je résidais dans l’internat de l’école, le studio de danse était devenu ma deuxième maison ! D’ailleurs, en période de vacances scolaire, je ne quittais pas l’école pour pouvoir participer aux stages de danse. 

C’est lorsque j’ai intégré la compagnie du Jeune Ballet de France que j’ai pu me familiariser réellement avec la scène. Cette expérience m’a permis d’évoluer rapidement : nous avions environ 6 représentations par semaine ! J’ai eu la chance de parcourir toute la France pendant un an dans le cadre de notre tournée nationale. 

J’ai ensuite réussi mon audition aux Ballets de Monte-Carlo et j’ai intégré la troupe en 1986, pendant 6 ans. Cette expérience m’est particulièrement chère puisque c’est là-bas que j’ai rencontré mon époux, Christophe Ridet.  

J’ai ensuite quitté la France et poursuivi ma carrière à l’international. J’ai déménagée à Seattle pour intégrer la compagnie du Pacific Northwest Ballet. Puis j’ai rejoint la troupe du English National Ballet à Londres de 1994 à 1999. Enfin, j’ai terminé ma carrière de danseuse lorsque que je faisais partie de la compagnie Deutsche Oper Berlin en Allemagne. 

Diverses raisons personnelles m’ont poussé à mettre fin à ma carrière à l’âge de 32 ans. J’ai fait un choix radical en arrêtant de danser du jour au lendemain. Je suis alors rentrée à Londres pour rejoindre mon époux Christophe qui gérait déjà à l’époque l’atelier de couture Wear Moi. Depuis notre rencontre aux Ballets de Monte-Carlo, j’ai eu la chance d’avoir Christophe à mes côtés, qui me fabriquait les tenues que je souhaitais ! Tout au long de ma carrière, j’ai pu bénéficier de tuniques 100% sur-mesure ! Dès que j'avais une idée en tête, je lui transmettais pour qu'il me confectionne ce que j'imaginais. Souvent, les danseuses avec qui je travaillais me demandaient "mais où as-tu acheté cette tunique ? Je veux la même !". Je répondais fièrement que c'était Christophe qui l'avait faite pour moi. 

C’est alors que je me suis pleinement consacrée au projet Wear Moi, dans l’optique de faire évoluer la marque. J’y ai apporté ma vision artistique, tout en gardant toujours la même ligne de conduite : la recherche du niveau d’exigence le plus haut et le sens du détail.

Encore aujourd’hui, je garde un lien très fort avec mon passée de danseuse. C’est un lien indéfectible qui restera toujours intact selon moi. Bien que je ne pratique plus la danse, je me demande systématiquement si j’aurai aimé porté telle ou telle tenue ! J’essaye moi-même chaque nouveau modèle que nous créons afin de m’assurer qu’il correspond aux exigences de la danseuse. 

Comment décririez-vous Wear Moi, avec votre vision de directrice artistique ?

Nous souhaitons véhiculer des valeurs liées à l’exigence ainsi qu’à l’excellence. Cela se traduit par l’élégance et la qualité de nos produits, mais aussi par leur fiabilité technique. Dans le cadre de mes missions, je continue à faire le lien en permanence avec la scène, les studios de danse, les danseurs … Ses passerelles continueront d’exister tant que Wear Moi perdurera ! 

J’accorde une très grande importance à la mise en scène de nos produits. Toute une réflexion s’articule autour de nos shootings photo et tournages vidéo : quel lieu, quelle danseuse, quel type de mise en beauté, quels équipements (collants, jupettes …), quelles poses, quelles musiques pour les vidéos ? Toutes ses questions sont primordiales car elles influencent directement l’image de marque de Wear Moi et sa ligne artistique. 

Il faut savoir que nous faisons appel à des danseuses professionnelles de haut niveau pour créer du contenu photo et vidéo. On pourrait croire que ce sont des mannequins professionnels, mais ce n’est pas le cas. Ces shootings et tournages me permettent de remonter le temps et de revivre mon ancien métier. C’est comme si je revenais dans un studio de danse car je dois guider les danseuses et danseurs qui posent avec nos créations : « jambe tendue ! », « pieds en dehors ! ». 

Ma plus grande fierté est de voir mes créations portées par des danseurs du monde entier. C’est d’autant plus vrai depuis que les réseaux sociaux se sont démocratisés ! L’ère du digital me permet d’être en contact avec les clients qui portent nos créations dans des studios de danse, lors de concours ou même sur scène. C’est très gratifiant de pouvoir être témoin de notre portée. D’ailleurs, nous sommes très à l’écoute de nos danseurs. Nous essayons au maximum de prendre en compte leurs recommandations. Ils sont aussi parfois à l’origine de notre inspiration ! 

Pouvez-vous nous expliquer votre processus créatif dans l'élaboration de nouveaux modèles ?

Tout d’abord, il faut savoir que j’ai pour habitude de ne pas m’imposer de limite. Cela me permet de garder une grande ouverture d’esprit dans mon processus créatif. Bien que je sois à la tête de la direction artistique de Wear Moi depuis plus de 30 ans, la base de ma réflexion reste toujours la même. Elle passe par les matières premières : ce sont les différents tissus qui m’inspirent ! Je peux passer des heures et des heures à la recherche de nouvelles matières, c'est vraiment passionnant. Parfois, je choisis des tissus qui peuvent paraître étonnants mais quand le projet arrive à maturité au fils des étapes, cela devient quelque chose de beau. 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne suis pas forcement influencée par les tendances du moment. Je ne préfère pas me brider, je marche au coup de cœur ! Cela m’offre une liberté de création sans limite. J’essaye de me réinventer en permanence en trouvant de nouvelles matières à travailler, peu importe qu’elles soient en vogue ou non. Pour moi, la nouveauté et l’innovation sont des valeurs très importantes dans mon rôle de directrice artistique. 

Chez Wear Moi, nous avons la chance d’avoir peu de contraintes en termes de confection et de production de nos produits, puisque ses étapes se déroulent en interne. Cela m’ouvre un champ des possibles presqu’infini artistiquement parlant. Il me parait important de préciser que je suis bien entourée ! Je travaille en étroite collaboration avec une équipe de professionnels dont les compétences complètent les miennes. Notre travail d’équipe nous permet de concilier mes choix artistiques avec la faisabilité technique d’un projet, dans l’optique de proposer un produit de la meilleure qualité possible. 

Concernant le choix des matières premières, notamment des tissus,
comment procédez-vous ?

Chaque année, je suis à la recherche de nouveaux fournisseurs qui sont en mesure de me proposer des tissus innovants et originaux. J’ai également des fournisseurs historiques, avec qui je collabore depuis le début. 

Certains nous donnent la chance de pouvoir designer nos propres tissus ! Pour cela, on sélectionne un tissu de base disponible dans leur catalogue que l’on adapte à nos besoins en termes de coloris ou de motifs par exemple. 

On peut presque parler de sur-mesure ! C’est un réel plaisir de travailler avec des fournisseurs qui nous offrent une telle capacité d’adaptation. C’est en partie grâce à eux que nous parvenons à nous réinventer en présentant de nouveaux styles d’années en années, avec des modèles qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. 

Quelles ont été vos inspirations pour la création de la nouvelle collection 2022 ?

C’est encore et toujours les matières premières qui caractérisent le point de départ de mon inspiration pour une nouvelle collection. Notre nouvelle collection 2022 n’échappe pas à la règle … ! Mais ce n’est pas tout, je dois admettre que je suis très inspirée par les formes également. Il y a des formes intemporelles qui reviennent toujours. Il faut parfois s’appuyer sur les évolutions de la mode pour transformer des modèles qui ont connu un grand succès par le passé. 

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